«Une mauvaise transaction vaut mieux qu’un procès»[1]. Ce type de sentence émane de l’approche judiciaire. Le dicton est plus couramment connu sous cette forme «Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. »
Il s’agirait d’une sentence prononcée pour défendre la médiation de préférence à un jugement. Et pourtant, l’idée apparaît elle-même paradoxale et donne plus envie du procès. Quel en est le mécanisme ?
Pourquoi choisirions-nous une chose a priori mauvaise ? Si le procès peut être bon, alors pourquoi ne pas le tenter ? Faut-il être bête pour se contenter d’un mauvais accord … L’application de cette idée en médiation revient à faire croire que la médiation conduirait à un accord de mauvaise qualité, tandis que le procès pourrait être bon. Une médiation, conduite par des professionnels, ne saurait aboutir à un mauvais accord. L’illusion intellectuelle réside dans le sous-entendu voulant que cette sentence pourrait décrire un intérêt de la médiation, car au contraire elle la dessert. Si l’on veut faire échouer l’idée de la médiation, il n’y a pas mieux comme discours à véhiculer.
A regarder de prêt la logique :
………………………………..Accord……|…………………Procès………..|
Mauvais.|……………….X.………………..|……………………………………..|
Bon…….|…………………………………….|……………..X.……………………|
A fortiori, chacun choisira le bon accord par rapport au mauvais procès.
Mais si l’on souhaite défendre l’idée de l’accord, alors il faut abandonner ce genre de raisonnement sophistique. Il convient de ne pas utiliser le jeu des « bon » et des « mauvais ». Le système qui qualifie et juge appartient au judiciaire. Il en va tout autrement avec la médiation professionnelle. Ni bon, ni mauvais, parfois, le moins mauvais possible, parfois le plus intéressant, le plus judicieux, le moins pire, compte tenu de la réalité, des conditions, de l’histoire, par delà les représentations de gagnant et de perdant. L’accord de circonstance est celui qui permet aux parties de mettre un terme à leur conflit, de manière qualitative et pérenne.
↑ Arbitrage et médiation, Une percée encore timide, L’économiste du Maroc, 19 juin 2009